Le support : À la conquête du numérique / Dossier Alire (5/8)
On ne se penche jamais assez souvent sur le succès des éditeurs. Le fait de les étudier nous permet d’en tirer des enseignements pourtant très pertinents. Ici la leçon est simple, mais excessivement importante : plus le livre est disponible dans le plus de supports possible, plus il trouvera place entre les mains d’un lectorat varié. La quatrième clé du succès des Éditions Alire est ainsi, selon nous, leur esprit avant-gardiste en ce qui concerne le numérique. La conquête du numérique s’est faite ici rapidement et, avant même la sortie du numérique, les éditeurs avaient déjà réfléchi à ce format!
LE SUPPORT NUMÉRIQUE AU QUÉBEC
C’est en moyenne 500 000$ par mois qui sont déboursés par les acheteurs pour des livres numériques au Québec (Institut de la Statistique Québec 2019). Le livre papier gagne toutefois haut le main, avec une moyenne de 60 000 000$ de livres vendus mensuellement. L’ordre de grandeur des ventes est donc incomparable : le numérique représente 0,8% des ventes de livres au Québec selon ces chiffres. Le numérique est toutefois bien populaire dans les bibliothèques : le lecteur n’a même pas à se déplacer et peut louer directement sur le site de la BaNQ des livres qu’il pourra emprunter et lire sur sa tablette (Lalonde 2018). Vous saviez que, même si l’éditeur vend peu du format numérique, les bibliothèques, qui elles les louent, doivent les payer aux éditeurs. De plus, les auteurs reçoivent également une somme d’argent lorsque vous louez leurs livres à la bibliothèque. Ainsi, le numérique n’est pas à négliger en affaires, même si les ventes directes sont loin de rejoindre celles du support papier. Je vous invite ici à aller lire notre petit article qui se penche sur les avantages et les inconvénients du numérique pour en savoir plus !
LE NUMÉRIQUE CHEZ ALIRE
Comme le catalogage nous a permis de constater, Alire offre la totalité de leurs livres à la fois en support numérique et en papier – à une exception près. L’exploitation de ces deux supports permet également d’atteindre un chiffre d’affaires intéressant. Alors qu’en 2018, ce ne sont pas tous les éditeurs qui se conforment à cette nouvelle réalité, Jean Pettigrew affirme que le passage du papier au numérique a considérablement augmenté leur chiffre d’affaires. En effet, selon ce dernier, le numérique correspond à 15 à 18% de leurs ventes annuelles (Faye 2018). On peut alors constater que, contrairement à la moyenne provinciale, cet éditeur arrive à tirer profit des ventes numériques
Les Éditions Alire ont d’ailleurs été proactives à cet égard; en 1996, lors de la création de la maison d’édition, les éditeurs avaient déjà pensé à exploiter ce nouveau support, ayant même indiqué certaines closes dans les contrats avant l’avènement du numérique. Alors que le support numérique est arrivé officiellement vers 2009 selon Pettigrew, les Éditions Alire avaient déjà commencé à convertir leurs livres en 2002 (Faye 2018) !
Qu’est-ce qui explique ce pourcentage élevé de livres numériques vendus chez Alire? Je n’ai pas de réponses à donner, mais certaines hypothèses à émettre. Si le prix du livre numérique est en moyenne 20% moins cher que celui papier (Filles de joual 2018 citant l’UNEQ), chez Alire, le livre numérique est véritablement moins cher : de 40 à 60% du prix du support papier selon notre analyse. Prenons la célèbre série « L’oiseau de feu » de Jacques Brossard qui comprend 5 tomes. Elle est offerte à 69,99$ en support papier, mais seulement à 39,99$ en support numérique. Le support numérique ici est 43% moins cher. Le « rabais » est donc significatif et incite le lecteur. Nous émettons également l’hypothèse rigolote selon laquelle les lecteurs de SFFQ sont peut-être plus à l’aise avec les nouvelles technologies telles les tablettes ! À vouloir à tout prix voyager dans le futur sans jamais y arriver réellement, le lecteur de science-fiction se doit du moins de connaître et d’exploiter les technologies de notre ère !
CONCLUSION : LE NUMÉRIQUE? POURQUOI PAS !
Une fois que les éditeurs ont développé la technologie pour convertir leurs livres en numérique, ils n’ont donc rien à perdre à l’utiliser afin de convertir tous leurs romans. Plus un livre est accessible, plus il peut rejoindre une grande variété de lecteurs. Et si le livre n’est pas acheté, mais bien loué, s’il est bon, il fera jaser de lui! Ainsi, on peut conclure tout simplement que cette adaptation rapide et proactive au numérique contribue au grand succès de cette maison d’édition.
Problème dans vos chiffres : vous comparez des ventes d’unités en numérique (30 000) avec un chiffre d’affaire de ventes (60 000 000 $). Il faudrait alors prendre le chiffre d’affaire du numérique (environ 500 000 $ mensuellement) pour arriver à une part de marché de 0,8%. Ce qui, en fait, est aussi faux, puisqu’il faudrait comparer uniquement les livres disponibles dans les deux formats et exclure le marché du scolaire. En réalité, la part de marché du numérique est plus autour des 4-5%.
Excellente série de textes et vive Alire !
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Merci pour votre commentaire!
Oups ! Grosse erreur d’inattention ici pour ce qui est des chiffres. J’ai modifié l’article en conséquence.
Toutefois, je ne pense pas que le 0,8% est une fausse statistique (maintenant que les chiffres ont été corrigés) : si on prend tous les revenus des livres papiers vendus et tous les revenus des livres numériques vendus, il s’agit du bon chiffre, même si ce ne sont pas tous les livres papiers qui sont disponibles en numérique. Tout dépend ce qu’on veut démontrer. Votre observation est toutefois très pertinente =).
Oui, vive Alire! Et on aime aussi Les éditions du Septentrion =P. Merci !
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