Une bonne ligne éditoriale fidélise les lecteurs / Dossier Alire (6/8)
La cinquième clé du succès des Éditions Alire est, selon nous, une ligne éditoriale claire et bien définie. Avoir une ligne éditoriale, c’est l’action de choisir le type d’ouvrage qu’on veut publier. Au mieux, les ouvrages publiés doivent être reliés d’une façon ou d’une autre ou doivent cibler un lectorat qui se fidélisera car il saura qu’il peut trouver l’ouvrage qu’il recherche avec cet éditeur. Comme exemple, on peut prendre les Éditions de l’Écrou : on sait qu’on y retrouvera de la poésie non-conventionnelle, un peu rebelle et intense. Quand on achète un ouvrage de chez les Éditions du Remue-Ménage, on sait qu’on trouvera de la littérature féministe. Quand on achète un ouvrage de la Collection Corbeau de chez AdA, on sait qu’on lira de la littérature de genre. Ainsi, dès le début, les éditeurs de chez Alire ont su bien cibler le type d’ouvrage qu’ils voulaient publier et le lectorat qu’ils ciblaient.
LITTÉRATURE DE GENRE : POLAR, HORREUR & SFFQ
Comme le mentionne Éric Simard, éditeur chez Hamac, rencontré dans le cadre du cours « L’édition au Québec d’hier à aujourd’hui » :
« Plus on renforce la ligne éditoriale d’une maison d’édition, plus on fidélise une certaine clientèle»[1].
Aussi, comme il le précise :
« Plus on tente de plaire à tout le monde, plus on ne plaît à personne ».
Nous ajouterons, comme dans toutes choses, que la ligne éditoriale doit être pensée en fonction également des ventes potentielles pour pouvoir survivre. C’est donc en s’assurant de rejoindre un type de lectorat suffisamment large pour effectuer suffisamment de ventes, mais suffisamment précis pour intéresser et fidéliser le lecteur, que les éditeurs réussissent à tirer leur épingle du jeu. C’est ainsi dire que la ligne éditoriale chez Alire est très bien définie, notamment par les genres littéraires que cette maison d’édition publie, mais aussi par la qualité des ouvrages, souvent reconnus dans le milieu par le biais de prix littéraires. Puisque ce dernier critère est plutôt subjectif, attardons-nous aux genres littéraires que nous avons pu compiler dans notre catalogage. Parmi les 273 titres parus, on retrouve une quasi-parité entre le genre polar ou policier (49%) et les titres figurant dans la catégorie SFFQ (51%) comme le démontre la figure ci-dessous :
Bien qu’on puisse remarquer une tendance vers la publication de plus de romans policiers ou de polars depuis 2010, en 2018, on compte tout de même autant de livres dans les deux catégories de genres (SFFQ / polar-policier), comme le démontre la figure ci-dessous :
Il semble apparent que les éditeurs tendent vers ce juste milieu qui comblera tant leurs lecteurs de l’Imaginaire que ceux friands d’enquêtes et de suspense. Ce choix éditorial peut probablement être expliqué, selon notre hypothèse, par le fait que la SFFQ est un milieu très restreint, comme le nomme Ariane Gélinas lors d’une conférence donnée en 2018 dans le cadre du cours « Édition du manuscrit »[4]. Petite communauté signifie, selon nous, un nombre moins grand d’acheteurs potentiels. Puisque le lectorat de polars et de policiers est plus vaste, les publications de ce genre littéraire permet de vendre plus de titres dans le but d’équilibrer les revenus de la maison.
UN CATALOGUE INVITANT

The lighthouse. Illustration par Jungho Lee.
En conclusion, en parcourant le catalogue des Éditions Alire, le lecteur sait sur quel type de roman il tombera. Cela facilite donc l’adhésion des lecteurs au catalogue. On s’assure une certaine assiduité du lecteur et donc, qu’une communauté en parlera et sera présent au lancement des nouveaux titres. Si cela peut prendre dix ans pour définir un catalogue, comme le mentionne Pascal Genêt lors de la conférence d’Éric Simard (Simard 2018), les Éditions Alire ont su, pour leur part, cibler tout de suite le lectorat désiré. Cela leur a permis, selon nous, de faciliter leur croissance et cela permettra probablement d’assurer leur pérennité.
[1] SIMARD, Éric, « Auteur, éditeur et libraire » (2018 : Université de Sherbrooke à Longueuil). Conférence dans le cadre du cours ELD716.
[2] Comme le démontre les figures 4 (Proportion des grandes catégories de genres et 5 (Proportion des genres littéraires) en annexe.
[3] Comme l’illustre la figure 6 (Nombre de titres publiés par genre littéraire par année) en annexe.
[4] GÉLINAS, Ariane, « Écriture et édition» (2018 : Université de Sherbrooke à Longueuil). Conférence dans le cadre du cours ELD725.
J’avoue ne pas savoir la différence entre « polar » et « roman policier ». Je viens de faire une recherche sur Internet et ce n’est pas très clair. Beaucoup de gens disent que le premier terme est un synonyme du deuxième. Quelle est donc cette différence?
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Bonjour ! Je me suis également posée la question. En fait, sur le site de la BANQ, site que j’ai utilisé pour le catalogage de tous les titres, ils indiquaient parfois « polar » et parfois « roman policier ». Je me suis servie de leur classification pour faire mes statistiques. Je me suis demandée si le terme n’était pas en effet interchangeable pour eux, c’est pourquoi j’ai regroupé ces deux catégories ensemble au final. J’ai toujours pensé que « polar », c’était un sous-genre du roman policier, mais plus « noir ». Je ne sais toutefois pas si pour mes données, c’est réellement le cas. J’espère que ça vous aide dans votre réflexion ! Merci pour le commentaire =).
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